L'économie marocaine a profondément évolué depuis 1992 : le programme de privatisations portant sur 122 entreprises, adopté en 1989, et la déréglementation économique, préconisée par la Banque mondiale et le FMI, sont en cours. Les sécheresses (1992, 1993, 1995) ont nui à la croissance, qui avait dépassé 10 % en 1994. L'inflation, qui a connu un pic relatif (7 %) en 1992, a été maîtrisée ensuite.
Ressources minérales et énergétiques
Le Maroc dispose d'importantes ressources minières: il est le 3e producteur et le 1er exportateur mondial de phosphates (environ 20 millions de t). Le territoire recèle aussi des gisements de fer et de minerais non ferreux dans les montagnes: baryte (370.600 t), plomb, manganèse, cobalt, cuivre, fer, zinc, antimoine, molybdène, fluor. Les ressources énergétiques sont, en revanche, plus limitées: anthracite, pétrole et gaz naturel couvrent à peine 20 % des besoins et ne peuvent empêcher le recours aux importations. La découverte de gaz naturel près d'Essaouira donne des espoirs.
Agriculture et élevage
L'agriculture s'était vu assigner une place prioritaire dans le modèle de développement retenu au lendemain de l'indépendance. Ce secteur a bénéficié d'investissements massifs pour la construction de barrages et l'équipement de grands périmètres irrigués, tandis que des subventions étaient accordées à l'initiative privée. Il devait permettre, d'une part, d'approvisionner le pays, notamment les populations urbaines, et, d'autre part, de fournir à l'exportation les devises nécessaires à l'achat de biens d'équipement. La production agricole marocaine occupe encore près de 50 % de la population active, mais sa part dans le PNB (17 % en 1994) continue à diminuer.
Deux formes d'agriculture se juxtaposent: un secteur traditionnel, utilisant l'araire ou la houe, tourné vers les cultures de subsistance, et un secteur moderne, mécanisé, orienté vers l'exportation. Les principales productions sont les céréales : le blé (30 % des terres cultivées) et l'orge (27 %) et, dans une moindre mesure, le maïs; les légumineuses (fèves, pois, lentilles, haricots), les cultures maraîchères, les agrumes et les plantes sucrières. L'arboriculture fruitière et les oliviers fournissent un complément non négligeable, mais les exportations d'agrumes et de légumes d'hiver ont été freinées par l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la CEE. Le système foncier présente une grande complexité: terres en propriété privée, terres collectives des tribus, terres appartenant à des fondations religieuses (habbous), domaines privés de l'État. De fortes inégalités sont constatées: un tiers des paysans sont sans terre et la moitié des superficies cultivées sont détenues par 6 % des propriétaires. La pêche est une ressource importante, la moyenne annuelle des captures s'élevant à plus de 770.000 tonnes.
L'élevage, qui joue une fonction de «caisse d'épargne», occupe une place prépondérante dans le secteur agropastoral. Apte à l'attelage et au portage, le cheptel fournit le lait, le beurre et la viande destinés à la consommation familiale. La laine et les poils de chèvre entrent dans la composition des djellabas, des couvertures et des cordes. Généralement extensif, l'élevage se pratique sur des parcours collectifs; il présente des modalités régionales qui vont des grandes transhumances concernant des familles entières aux mouvements de moindre amplitude menés par un berger.
À côté du faire-valoir direct (qui s'accompagne d'une répartition des tâches agropastorales entre les différents membres de l'unité domestique) et des multiples formes de coopération entre les familles existent de nombreuses associations à part de récolte ou à part de croît sur le troupeau. Dans le khammessat, association très anciennement attestée au Maghreb, la production est le fruit de cinq facteurs (terre, instruments de travail, semences, eau d'irrigation, travail), et un cinquième seulement de la récolte revient au travailleur. Le métayage à moitié de la récolte et la location sont également pratiqués. Dans le secteur moderne, le salariat domine.
En dépit de la modernisation dont elle a été l'objet, l'agriculture n'est pas en mesure de répondre aux objectifs fixés en 1956. Le secteur moderne a peu influencé la branche traditionnelle. En accentuant considérablement les déséquilibres régionaux, la politique des grands barrages a eu des effets pervers: la déforestation se poursuit et l'érosion menace directement les barrages d'envasement. Le déficit alimentaire, principalement pour les céréales et l'huile, est accentué par l'explosion démographique. Le très bas niveau de vie des agriculteurs, le plus faible des trois pays du Maghreb, intensifie l'exode rural. Enfin, les exportations agricoles (agrumes et primeurs) sont menacées par la constitution du grand marché européen, auquel le Maroc souhaiterait être lié dans le cadre d'une zone de libre-échange.
Industrie
L'industrie se développe surtout depuis la Seconde Guerre mondiale. En 1996, ce secteur représentait près de 28 % du PIB. Les industries alimentaires dominent, avec la transformation des céréales (farine, biscuiterie, pâtes alimentaires) et les conserveries (légumes, fruits, poisson). Les industries du textile, du cuir et du bâtiment (matériaux de construction) sont en pleine expansion. Le Maroc a su diversifier ses activités avec la chimie (acide phosphorique et engrais), l'électronique, les papiers et les cartons. Des usines de montage de camions et d'automobiles ont également vu le jour. Toutefois, l'économie souffre cruellement du manque d'industries de base. L'artisanat joue un rôle de premier plan. À côté de l'organisation traditionnelle des artisans en corporations se développent des ateliers modernes et des centres d'apprentissage.
Transports
Le Maroc dispose d'un réseau routier de 59.474 km (50 % bitumés) et d'un réseau ferroviaire de 1.893 km. Les principaux aéroports sont Casablanca (2 millions de passagers), Agadir (740.000 passagers), Marrakech (650.000 passagers) et Tanger (400.000 passagers). Les principaux ports sont Casablanca (15,9 millions de t), Mohammedia (7,5 millions de t) et Tanger (1,7 million de t).
Tourisme
Le tourisme est une activité économique importante (plus de 3 millions de visiteurs en 1996 et en moyenne 1,4 milliard de dollars de recettes par an). Les plages méditerranéennes et atlantiques, les paysages de montagne, la proximité du désert, le patrimoine artistique des villes impériales (Rabat, Fès, Meknès, Marrakech), l'animation de ses souks et l'hospitalité de ses habitants ont contribué à faire du Maroc un grand centre d'attraction. Les séjours touristiques, avec notamment les voyages organisés, assurent en outre un débouché aux produits de l'artisanat.
Les échanges Les importations constituent presque le double des exportations. L'essentiel de ces dernières concerne désormais les produits manufacturés, devant les ressources minières (au premier rang desquelles se placent les phosphates) et certains produits agricoles (fruits et légumes). Les importations portent essentiellement sur les produits énergétiques, les biens d'équipement et les biens de consommation. Les mauvaises années agricoles, comme 1992, imposent le recours à de fortes importations de céréales. La part de la France dans les échanges extérieurs reste prépondérante (un quart de la valeur des importations, un tiers de celle des exportations), largement devant les autres pays de la Communauté européenne (Espagne, Italie, Allemagne). Les relations commerciales avec les autres pays du Maghreb demeurent extrêmement limitées (3 % des échanges). Les résidents marocains à l'étranger (1,8 million) rapatrient dans leur pays des fonds qui représentent presque 10 % du PNB et sont la première source de devises.
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Par bernard lepever, le lun, 09/11/2017 - 11:43. #
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