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HISTOIRE du NIGER

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Les origines 
 
L'apparition de l'homme dans la région sahélienne a bénéficié du climat humide qui a longtemps prévalu dans le Sahel. Au néolithique, le lac Tchad constituait une véritable mer intérieure, au sein d'un vaste territoire verdoyant, irrigué par de nombreux cours d'eau. Aussi la pêche, l'élevage et l'agriculture se sont-ils précocement développés. L'assèchement progressif du Sahara au cours du Ier millénaire av. J-C provoqua un déplacement des hommes vers le Soudan central et le lac Tchad qui, au IIIe siècle avant notre ère, couvrait encore 320.000 km² et était profond de 40 m. A la même époque, l'utilisation du chameau et le développement du commerce transsaharien donnèrent un nouvel essor économique à la région. Les échanges portaient essentiellement sur l'or et le sel. La conversion massive des commerçants à l'islam à partir des VIIe et VIIIe siècles contribua à répandre la religion musulmane dans le Sahel. 
 
Les premiers Etats auraient fait leur apparition à cette époque. Venues de l'est, les populations songhaïs se seraient installées dans la région de Gao pour fonder, au VIIe siècle, un petit royaume. Vassal de l'empire du Mali au début du XIVe siècle, le royaume songhaï se libéra peu après de cette tutelle sous la dynastie des Sonni. Sous le règne de Sonni Ali Ber (1464-1492), les armées songhaïs conquirent un immense territoire et le Songhaï devint un vaste empire, qui atteignit son apogée sous le règne de l'Askia Mohammed (1492 ou 1493-1528) : il étendait alors sa puissance sur le Niger, le Mali et une partie de la Guinée et du Sénégal actuels. La chute de l'Empire songhaï fut précipitée par l'intervention marocaine, conduite par Djouder en 1590-1591. 
 
De son côté, le petit royaume du Kanem commença son expansion à la fin du XIe siècle pour devenir un véritable empire au XIVe siècle: il s'étirait alors du nord au sud à travers le Sahara et tout autour du lac Tchad. Mais des querelles religieuses et dynastiques l'affaiblirent considérablement et il devint une proie facile pour ses voisins, en particulier les Boulalas et les Arabes. La dynastie des Sefawad abandonna alors le pouvoir et créa, moins d'un siècle plus tard, le royaume du Bornou, à l'est du lac Tchad. Le mai (souverain) Idriss reconquit le Kanem au début du XVIe siècle. Le Kanem-Bornou redevint un empire puissant dont l'influence s'étendait de Kano jusqu'au Darfour. Sa prospérité économique s'appuyait sur le commerce, en particulier sur la traite des esclaves vers l'Arabie. Le Kanem-Bornou maintint son emprise sur la région jusqu'à la colonisation européenne. 
 
Le sud du Niger était quant à lui le domaine des cités-Etats haoussas, en plein essor depuis le XIIe siècle. De grandes villes marchandes comme Katsina, Kano et Zaria, aujourd'hui situées au Nigeria, étendirent progressivement leur emprise sur le sud du Niger et la majeure partie du Nigeria. Ces petits royaumes indépendants les uns des autres entretenaient des relations tantôt de rivalité tantôt de coopération. Ils établirent leur remarquable prospérité sur le commerce à longue distance dont ils contrôlaient les routes. Ces cités-États haoussas, qui connurent leur apogée au XIVe-XVe siècle, préservèrent leur indépendance jusqu'à la constitution de l'empire d'Ousmane dan Fodio. Ce Peul musulman s'empara en 1804 des Etats haoussas, qu'il convertit à l'islam. En 1809, il avait créé un empire peul (ou toucouleur), le royaume de Sokoto (dans le Nigeria actuel), qui couvrait la moitié sud du Niger actuel. L'empire se heurta à la résistance du Bornou. Sa prospérité reposait sur le commerce, dynamique tout au long du XIXe siècle. 
 
La colonisation française 
 
Les Européens, longtemps présents sur les côtes, atteignirent tardivement l'intérieur du Sahel et le Niger. Le Britannique Clapperton, le premier, parcourut la région après avoir traversé le Sahara. Vers 1850, l'explorateur allemand Barth traversa le pays, allant de Tripoli à Tombouctou puis revenant à Tripoli. Les Français prirent de vitesse leurs rivaux allemands et britanniques: ils espéraient étendre leur emprise sur toute l'Afrique occidentale, en partant des différents points du littoral où ils s'étaient implantés. En 1890, la Grande-Bretagne et la France signèrent une convention qui délimitait artificiellement leurs sphères d'influence respectives: la frontière entre le Niger et le Nigeria actuels était grossièrement taillée. L'accord reconnaissait également à la France le droit d'unifier ses possessions au nord et au sud du Sahara. La France envoya précipitamment des missions de reconnaissance pour prendre réellement possession du Niger. Elle obtint la signature de plusieurs traités avec les souverains locaux. En 1899, la mission Voulet-Chanoine partit de Say (en aval de Niamey) et traversa des zones désertiques, semant la terreur. Relevés de leurs fonctions par le gouvernement français, les deux hommes attaquèrent la mission Klobb chargée de prendre le relais, avant de se faire massacrer par leurs propres tirailleurs. Le lieutenant Joalland de la mission Klobb poursuivit sa route vers Zinder, qu'il prit par la force, puis atteignit le lac Tchad. De son côté la mission Foureau-Lamy, partie de Ouargla (Algérie) en 1898, arriva à Zinder dans des conditions très difficiles et atteignit à son tour le lac Tchad. Les deux missions rejoignirent la mission Gentil, venue du Congo. Ensemble, elles entreprirent de détruire Rabah et son empire du Bornou. Le «sultan noir» fut vaincu et tué à la bataille de Kousseri (Cameroun) en 1900. 
 
Territoire militaire en 1900, le Niger fut érigé en colonie en 1922 et rattaché à l'A-OF. Le chef-lieu fut transféré de Zinder à Niamey en 1926. La «pacification» fut difficile et des foyers de résistance et de rébellions perdurèrent jusqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale. Les Français négligèrent la «mise en valeur» de cette colonie qu'ils jugeaient peu intéressante du fait des difficultés climatiques et de son enclavement, préjudiciable au commerce. lls mirent néanmoins en place la culture de l'arachide. À deux reprises, en 1913 et en 1931, le Niger fut victime d'effroyables famines. 
 
Des remaniements importants intervinrent à partir de 1946. Fily Dabo Sissoko représenta le Niger et le Soudan français (le Mali actuel) dans les Assemblées constituantes françaises de 1945-1946. En 1946, Diori Hamani devint le premier député représentant le Niger à l'Assemblée nationale française. 
 
Des partis politiques se constituèrent alors, qui luttèrent en faveur de l'assouplissement du régime colonial puis de l'indépendance. Le PPN (Parti progressiste nigérien) participa au congrès de Bamako en 1946 et devint la section nigérienne du RDA (Rassemblement démocratique africain). Mais il se déchira dans des querelles sur l'apparentement au Parti communiste français et fut entravé dans son action par l'administration coloniale qui lui était évidemment très hostile. Le parti Sabawa (Liberté) prit son essor en 1956. Sa campagne pour le «non» au référendum de 1958 fut désavouée par l'électorat qui approuva à 78 % le projet de la Ve République française et le principe de la Communauté. Le Niger devint alors une république autonome. Le 3 août 1960, le pays accéda à l'indépendance, avec Diori Hamani comme président qui proclama la république le 18 décembre. 
 
Le Niger contemporain Depuis son indépendance, le Niger a été marqué par de très graves difficultés économiques, liées pour l'essentiel à la grande sécheresse qui a sévi au Sahel à partir de 1973. Les revenus de l'arachide, mais également l'agriculture vivrière et l'élevage pastoral, en furent gravement affectés, ce qui provoqua une montée du mécontentement. La découverte des gisements d'uranium ne permit pas au gouvernement de contrebalancer cette dégradation économique. Dans le même temps, la désertification posa avec acuité la question touareg: mal intégré dans une économie de bouleversement climatique et de crise, le peuple touareg entra en rébellion et se manifesta par des révoltes armées, des attaques et des sabotages. 
 
En 1974, un coup d'Etat militaire renversa Diori Hamani et porta le lieutenant-colonel Seyni Kountché à la tête de l'État. Celui-ci imposa au pays une dictature brutale, ponctuée par des tentatives de putschs (1976, 1983). À sa mort, en 1987, le colonel Ali Saïbou lui succéda à la tête du Conseil militaire; en 1989 après avoir créé un parti unique, le Mouvement national pour une société de développement, il se fit élire à la présidence de la République. Le 29 juillet 1991, après de violentes émeutes étudiantes (février 1990) et un soulèvement des Touareg (mai 1990), tous deux réprimés dans le sang par l'armée, la tenue d'une conférence nationale tenta de faire évoluer le pays vers la démocratie; mais, en octobre, des massacres tribaux et une reprise du soulèvement touareg ensanglantèrent de nouveau le pays. En février 1993, cependant, les premières élections démocratiques organisées depuis l'indépendance portèrent Mahamane Ousmane, candidat du CDS-Rahama, à la présidence. La poursuite de la rébellion touareg, malgré des accords de paix signés en octobre 1994, puis en avril 1995, fragilisa le régime du président Ousmane; en 1995, les élections législatives furent remportées par l'opposition, ouvrant la voie à une période d'instabilité gouvernementale. En janvier 1996, une junte militaire dirigée par le chef de l'état-major des armées, le général Ibrahim Baré Maïnassara, déposa le président Ousmane; après la dissolution du Parlement, la proclamation d'une nouvelle Constitution fut approuvée par référendum, et des élections portèrent le général Baré Maïnassara (1945-1999) à la présidence de la République. Cependant, la découverte en janvier 1998 d'un complot visant à l'élimination du chef de l'État a de nouveau menacé de rompre un équilibre politique toujours précaire. 

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