Les royaumes mossis
Le territoire du Burkina Faso actuel a été parcouru par de nombreuses migrations. A partir du XIe ou au XIIe siècle, les premiers royaumes mossis se sont constitués: le Gourma, le Mamprousi, le Dagomba, le Yatenga et le royaume de Ouagadougou. Ce dernier devint rapidement le plus influent. Il était dirigé par le mogho naba, à la fois roi et magicien. Aux XIIIe et au XIVe siècles, ces royaumes s'opposèrent aux grands empires de la boucle du Niger (Mali et Songhay) dont ils n'hésitaient pas à attaquer et razzier les marges, quand ils ne s'enfonçaient pas plus profondément. La puissance de leurs armées permit aux royaumes mossis de préserver l'essentiel de leur indépendance. Mais, à la fin du XVe siècle, l'Empire songhay établit sa suprématie sur la boucle du Niger, mettant fin aux chevauchées des Mossis.
Jaloux de leur pouvoir, les rois mossis s'opposèrent toujours à une unification du pays mossi. Mais ces royaumes présentaient une remarquable cohésion sociale et religieuse et une stabilité politique exceptionnelle: ils se maintinrent jusqu'à la conquête française, à la fin du XIXe siècle.
Les Mossis participèrent peu au commerce transsaharien: les grands flux d'échanges contournaient la région. Aussi l'islam ne s'implanta-t-il pas. Les Mossis furent donc beaucoup moins touchés que leurs voisins par la traite des esclaves. À la veille de la colonisation française, le centre du territoire était contrôlé par la confédération des royaumes mossis regroupant trois ensembles politiques, le Yatenga, le Wogodogo et le Tenkudogo. À l'est avait été édifié le royaume de Gurma, et l'ouest, dominé par les souverains dioulas de Kong au XVIIIe siècle, était disputé entre plusieurs royaumes.
La pénétration coloniale
Après la conférence de Berlin (1884-1885), les Français cherchèrent à prendre les Britanniques de vitesse afin d'établir leur domination sur la boucle du Niger pour relier leurs colonies d'Afrique occidentale, centrale et septentrionale en un territoire d'un seul tenant. Le pays mossi se trouvait sur leur chemin. Les Français et les Britanniques lancèrent plusieurs expéditions. Le mogho naba accueillit le Français Binger en 1888 mais, méfiant, éconduisit les Français Crozat (1890) puis Monteil (1891) et le Britannique Fergusson (1894). Face aux pressions britannique et allemande, les Français accélérèrent leur course: sur ordre du gouverneur du Soudan (le Mali actuel), une colonne française commandée par le capitaine Destenave se rendit à Ouahigouya en 1895 et signa un traité de protectorat avec le Yatenga. En 1896, l'armée française prit Ouagadougou.
L'ensemble du pays était occupé en 1897. Il fut d'abord intégré au Haut-Sénégal-Niger, avant d'être institué en colonie indépendante sous le nom de Haute-Volta en 1919, avec Ouagadougou pour chef-lieu, et intégrée à l'ensemble fédéral de l'A-OF. Mais, en 1932, la colonie fut partagée entre le Niger, le Soudan (Mali) et la Côte-d'Ivoire. Durant toute la colonisation, la résistance se poursuivit. Le mogho naba demeura dans l'opposition. Les recrutements militaires et le prélèvement de l'impôt suscitèrent de violentes révoltes (notamment l'insurrection de Dédougou en 1915). Les Français s'occupèrent peu de la « mise en valeur » de la Haute-Volta. Les premières expériences de culture du coton s'avérèrent décevantes et provoquèrent une grave pénurie alimentaire. Une ligne de chemin de fer relia néanmoins Bobo-Dioulasso à Abidjan en 1934. Mais la colonie servit essentiellement de réservoir de main-d'œuvre pour les grandes plantations ivoiriennes et on la soumit à un dur recrutement militaire durant les deux guerres mondiales.
La marche vers l'indépendance
La loi du 4 septembre 1947 reconstitua la colonie de la Haute-Volta. C'est dans ce cadre que le mouvement nationaliste prit son essor. Il s'appuyait sur les souverains déchus toujours actifs mais aussi sur les anciens combattants, sur les élites modernes et sur des hommes nouveaux comme Ouezzin Coulibaly et Maurice Yaméogo.
Ceux-ci fondèrent le Parti démocratique unifié (plus tard l'UDV, Union démocratique voltaïque), représentant voltaïque du RDA (Rassemblement démocratique africain). Le RDA joua un rôle important dans la lutte pour l'évolution du statut colonial. En 1956, la loi-cadre instaura le suffrage universel dans les colonies françaises d'Afrique noire et accorda à la Haute-Volta, comme aux autres colonies, une plus grande autonomie administrative. En 1958, la nouvelle Constitution française, qui accordait l'autonomie complète, fut approuvée par 99,1 % des votants en Haute-Volta: le projet reçut l'appui du RDA mais un nouveau parti, le Mouvement africain de libération nationale, dirigé par l'historien Joseph Ki-Zerbo, fit, sans succès, campagne pour l'indépendance immédiate. De fait, la Haute-Volta accéda à l'indépendance le 5 août 1960. Maurice Yaméogo, chef du gouvernement après le décès de Ouezzin Coulibaly, devint le premier président de la République.
De la Haute-Volta au Burkina Faso Rapidement, le régime évolua vers l'autoritarisme. Maurice Yaméogo interdit les partis politiques. Les difficultés économiques du pays et le gaspillage au sommet de l'État le rendirent impopulaire. La vie politique de la Haute-Volta a été marquée par plusieurs coups d'Etat militaires. Le premier, en 1966, porta le lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana à la tête de l'Etat pour une durée de 14 ans. Lamizana mit en œuvre un programme d'austérité économique mais, malgré plusieurs Constitutions et la restauration du régime parlementaire, le pouvoir resta entre les mains de l'armée. En 1980, Lamizana fut renversé par le colonel Saye Zerbo, lui-même démis par le commandant Jean-Baptiste Ouedraogo en 1982.
En 1983, le capitaine Thomas Sankara et un groupe de jeunes officiers prirent le pouvoir. Une nouvelle ère commença pour la Haute-Volta qui, le 4 août 1984, adopta le nom de Burkina Faso (littéralement: «pays des hommes intègres»). Mus par un projet politique de transformation radicale de la société, en rupture totale avec l'héritage colonial, et visant la construction rapide d'une société plus juste et plus égalitaire, ces officiers entreprirent de lutter contre le gaspillage et la corruption, et de confier le pouvoir aux classes populaires. A la fin de 1985, un conflit frontalier opposa le Mali et le Burkina Faso: la Cour internationale de justice de La Haye régla le litige en proposant le partage de la bande d'Agacher entre les deux pays. Le caractère souvent brutal des procédures mises en œuvre par l'intermédiaire des CR (comités révolutionnaires), les résistances auxquelles se heurta la révolution et les discordes qui surgirent entre dirigeants aboutirent, le 15 octobre 1987, à un coup d'Etat au cours duquel le président Thomas Sankara fut assassiné. Blaise Compaoré, le numéro deux du régime, prit alors le pouvoir, et, avec pragmatisme, engagea le pays dans l'ouverture politique. Il institua un Front populaire chargé de procéder à la « rectification de la révolution ». Dans les années 1990, son parti renonça au marxisme-léninisme et restaura le multipartisme. En 1992, Blaise Compaoré refusa la tenue d'une Conférence nationale mais invita l'opposition à un Forum de réconciliation nationale. Il vit sa position au pouvoir doublement consolidée par le succès qu'il remporta lors des élections présidentielles organisées la même année et par celui de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, largement vainqueur des élections législatives organisées en mai 1997. En 1998, le processus de démocratisation des institutions était pratiquement achevé et le pouvoir put se consacrer à la conduite du programme d'ajustement structurel et à l'amélioration du niveau de vie (227,8 dollars/h. en 1998) de la population. Le président Compaoré fut ainsi reconduit dans ses fonctions, et Kadré Désiré Ouédraogo nommé à la direction du gouvernement. Ce dernier fut maintenu à ce poste à l'issue du scrutin législatif organisé en octobre 1999.
La nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 2 juin 1991, a mis en place une république de type présidentiel, fondée sur le multipartisme et la séparation des pouvoirs. Le président est élu au suffrage universel pour sept ans; l'Assemblée nationale comprend deux chambres : l'Assemblée du peuple, composée de 107 députés, élus pour quatre ans; et la Chambre consultative, qui comprend des représentants des organisations sociales, religieuses, professionnelles et politiques.
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