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HISTOIRE DU KENYA

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Devenu une mosaïque de groupes, le Kenya, où Leakey a découvert certains des plus lointains ancêtres de l'homme, a connu des phases successives de peuplement jusqu'au début de la colonisation à la fin du XIXe siècle. 
 
Le peuplement africain
 
D'un ancien peuplement couchitique, originaire de la Corne de l'Afrique et influencé par l'Asie, sont parvenues des traces d'aménagement, notamment des réseaux d'irrigation qu'ont parfois repris les nouveaux arrivants. La vague de peuplement bantou, comprenant entre autres les Kikuyus, les Kambas et les Luhyas, s'est étendue à partir du Ier millénaire de notre ère. Elle n'a atteint les côtes qu'après les premiers voyages des Romains. Les migrations, plus récentes, des divers groupes nilotiques – nandi, kalenjin, luo, massaï – tournés vers l'élevage, se sont pour une large part dirigées vers les Hautes Terres occidentales et la Rift Valley. La civilisation swahilie (dont l'apogée se situe aux XIIIe et XIVe siècles) s'est implantée sur la côte, où s'épanouissaient des cités marchandes (Mombasa, Lamu, Pate); synthèse d'éléments bantous, arabes et asiatiques, elle s'est islamisée pour partie. Derniers venus des Africains, les pasteurs couchitiques oromos et somalis peuvent apparaître comme les premiers autochtones de la Corne de l'Afrique. 
 
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, le Kenya se caractérisait par la combinaison d'îlots agricoles déjà denses, dépourvus d'autorités politiques centralisées et dont les membres s'efforçaient de grignoter des espaces pastoraux toujours plus étendus. Les pasteurs massaïs, quoique peu nombreux, contrôlaient d'immenses territoires, dont une bonne part, de l'Elgon jusqu'au pays nyika et à l'actuelle Tanzanie, était cultivable. Leur réputation de guerriers et les pillages entravaient le commerce des caravanes vers les royaumes du lac Victoria: le grand axe du commerce swahili passait par l'actuelle Tanzanie, via Tabora et le sud du Victoria. 
 
Cette répartition fut profondément perturbée dans les années 1890 par une série de famines et d'épidémies, en particulier celle de peste bovine, qui balaya toute l'Afrique et décima les troupeaux. Les éleveurs, dont les Massaïs, en souffrirent particulièrement. Ils abandonnèrent de vastes étendues de leur domaine, dont une partie, où les broussailles s'étaient reconstituées, fut envahie par les glossines; ces insectes propagèrent la trypanosomiase, laquelle empêche aujourd?hui encore le retour des éleveurs. 
 
Le temps de la colonie 
 
Le Kenya pouvait donc paraître peu attirant aux Britanniques, bien qu'il devînt colonie de la couronne britannique à partir de 1920. Il n'était qu'un «mal nécessaire», qu'une voie d'accès vers le cœur du continent noir, celui des grands lacs africains et du royaume du Buganda, déjà en partie christianisé. Le chemin de fer atteignit Kisumu, sur le lac Victoria, au début du siècle. Utilisant une main-d'œuvre indienne, cette entreprise fut à l'origine du groupe «tampon» des Asiatiques (commerçants, artisans, cadres intermédiaires). De vastes étendues dépeuplées par les épidémies s'étendaient de part et d'autre du chemin de fer: on en chassa, notamment, les survivants massaïs pour établir une zone de colonisation européenne quasi d'un seul tenant sur 30.000 km2. Parallèlement furent délimitées de grandes réserves, ce qui figea les identités ethniques et entrava les aspirations foncières des groupes les plus dynamiques. L'exode rural était limité par des règlements sévères. 
 
La colonie européenne fut longtemps dominée par des membres de la classe nobiliaire ou par des aventuriers n'exploitant guère leurs vastes domaines. Quoique la production pour l'exportation leur fût réservée, ils se contentèrent de tirer bénéfice de la présence de squatters (paysans sans terres), surtout kikuyus. En échange du prêt d'un lopin, ces derniers rendaient des journées de travail ou versaient des redevances. La modernisation de l'agriculture européenne n'intervint qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec une spécialisation des différentes régions dans les plantations de café ou de thé, la polyculture associée à l'élevage laitier et porcin, ainsi que le ranching. Il fallut alors expulser bon nombre de squatters, qui n'avaient plus d'attache dans leur région d'origine. C'est une des causes de la révolte de Mau-Mau (1952-1956), qui affecta principalement le pays kikuyu et les squatters de la Rift Valley. Cette révolte avait été aussi préparée par la montée des revendications nationalistes et culturelles, à propos desquelles les Kikuyus s'étaient montrés particulièrement actifs; Jomo Kenyatta, qui s'en était fait le porte-parole, fut emprisonné pour sa responsabilité dans l'insurrection. 
 
A la répression succéda une action de promotion sélective des exploitations africaines, impliquant le remembrement, l'aménagement foncier et l'intensification de l'agriculture par l'introduction de cultures commerciales, surtout le caféier arabica et le théier. Cette politique (plan Swynnerton), qui visait à conforter une classe de petits propriétaires accommodants à l'égard du pouvoir colonial, fut génératrice de croissantes inégalités, les tenanciers de surfaces trop réduites, ou les ayants droit à ces parcelles, étant exclus de la propriété foncière. Entamée en pays kikuyu et kamba, elle devait être étendue à l'ensemble des régions agricoles, donnant naissance à un paysage caractéristique de bocage et d'habitat dispersé, où cultures vivrières et commerciales se combinent. Jusqu'en 1977, l'économie kenyane s'inscrivait dans le cadre de la Communauté est-africaine, constituée avec l'Ouganda et la Tanzanie, regroupement qui survécut peu de temps aux indépendances. La présence de la colonie européenne et des infrastructures construites à son intention assurait au pays une prééminence dans les créations d'industrie et un marché élargi. 
 
L'avènement de Kenyatta
 
En 1961, le Kenya devint autonome et Jomo Kenyatta fut libéré au mois d'avril de cette même année. L'indépendance sera effective deux ans plus tard, en 1963. La KANU (Kenya African National Union), qui s'appuyait sur les deux principales ethnies (kikuyu et luo), souhaitait la création d'un État centralisé. La première Constitution donna au pays un régime parlementaire bicaméral et fédéral. Le régionalisme (majimbo) visait à préserver les droits des minorités rassemblées dans la KADU (Kenya African Democratic Union), soutenue par les Européens et les Indiens. Mais la large défaite de ce parti aux élections permit à la KANU d'imposer ses choix. Il ne fallut qu'un an à Kenyatta, alors Premier ministre, pour devenir président de la République, le poste de chef de gouvernement étant remplacé par celui de vice-président. 
 
La plupart des pouvoirs des régions furent abrogés, ce que facilita le sabordage de la KADU (1964), suite à la mise à l'écart progressive des partis au profit du pouvoir exécutif. Devenue de fait parti unique, la KANU s'est transformée en un tremplin électoral et en un instrument de ratification des décisions du Mzee (le «vieux» en swahili). L'opposition au sein de la KANU entre deux leaders luos – Tom Mboya, chef de file du réformisme libéral, et Oginga Odinga, partisan d'un socialisme africain – conforta Kenyatta, dont l'autorité s'appuyait sur un appareil administratif tentaculaire, héritage de la colonisation. Les commissaires de province et de district, choisis par le président de la République, verrouillèrent le pays. L'existence de ce «cadenas» provoqua de vives protestations de la part des membres du gouvernement; le vice-président (Odinga) dénonça le libéralisme de Kenyatta et de Tom Mboya, alors ministre du Plan. Évincé de la KANU en mars 1966, Odinga répliqua en constituant un nouveau parti, la KPU (Kenya People's Union). Un amendement obligea tout député quittant la KANU à se représenter devant ses électeurs, ce qui refréna les volontés scissionnistes (une trentaine de députés seulement, dont un tiers à peine fut réélu, osèrent braver le pouvoir central). Repliée sur ses bases luos, la KPU, à la suite d'émeutes à l'occasion de la visite de Kenyatta à Kisumu, fut interdite en 1969; avec elle disparaissait le simulacre de bipartisme. Entre-temps, deux modifications constitutionnelles avaient confirmé l'autorité présidentielle: en 1967, la Chambre haute est supprimée; l'année suivante, l'élection du président de la République au suffrage universel fut décidée et jumelée à celle des députés, eux aussi élus pour un mandat de cinq ans. Cet amendement permit à Kenyatta d'exercer une plus grande emprise sur l'Assemblée. 
 
Alors que le mot d'ordre national Harambee («Agissons tous ensemble») exhortait le peuple (wananchi) à œuvrer pour accélérer le développement économique, le pouvoir devenait la scène de crimes politiques et d'emprisonnements. Fidèle ministre du président, Tom Mboya fut assassiné en 1969. Ses capacités politiques en faisaient un successeur potentiel de Kenyatta (alors âgé de soixante-seize ans), néanmoins ses origines luos semblaient le condamner. Odinga fut emprisonné la même année: les deux principaux candidats à la présidence étaient dès lors éliminés. Arrêté au mois de mars 1975 pour avoir dénoncé la corruption de l'organisation Harambee, JM Kariuki, riche Kikuyu, fut retrouvé mort à l'ouest de Nairobi. 
 
La longue route vers le multipartisme A la mort de Kenyatta, le 22 août 1978, le vice-président, Daniel Arap Moi, un Kalenjin, s'empresse de libérer les prisonniers politiques, dont Odinga, pour faire contrepoids aux Kikuyus. Il dissout les associations tribales pour renforcer l'unité nationale. La politique étrangère est franchement réorientée vers le monde occidental, notamment les Etats-Unis. Le nouveau président suit la voie tracée par le Mzee, ce que symbolise la devise Nyayo («Mettre les pas dans les pas»). Après avoir échappé de peu à un putsch en 1982, auquel était mêlé un de ses ministres (Charles Njonjo), Arap Moi, seul candidat, fut réélu en 1983, 1988 et 1992. En 1990, l'assassinat du ministre des Affaires étrangères, Robert Ouko, qui s'apprêtait à rendre public un rapport sur la corruption du gouvernement, puis la mort de l'évêque anglican Alexander Muge, également suspecte, contraignirent Arap Moi, sous la pression de ses bailleurs de fonds, à accepter le multipartisme, tout en aiguisant les rivalités ethniques. Aux élections présidentielles de décembre 1992, la désunion de l'opposition, mais aussi la pratique de la fraude ont permis la réélection du président sortant, avec seulement un tiers des voix, devant Kenneth Matiba, Raïla Odinga et Mwaï Kibaki. Candidat à un cinquième mandat, en janvier 1998, A. Moi fut réélu, avec près de 40 % des suffrages. Cette victoire, dès le premier tour, fut confortée par le succès (107 sièges obtenus sur 210) que remporta l'Union nationale africaine du Kenya (KANU), le parti du président sortant, lors des élections législatives qui suivirent. Mal assurée et fragile, la transition démocratique demeure toutefois possible. 
 
Le Kenya pâtit aujourd'hui de la crise mondiale, des erreurs de ses dirigeants et de la pauvreté de ses voisins. Les troubles qui agitent le Soudan, l'Éthiopie et la Somalie y trouvent un écho important. L'insécurité a gagné les espaces pastoraux du Nord, qui sont largement peuplés de groupes allogènes. L'affaiblissement du pouvoir du président Arap Moi et la multiplication des «affaires» nuisent à l'image de marque du pays, découragent les investisseurs et entraînent des sanctions de la part des pays donateurs. Ce «bon élève» du monde libéral est actuellement un pays à risques. 
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