Accueil

HISTOIRE - MAURITANIE

Connexion utilisateur

Les origines Au paléolithique, les conditions climatiques tempérées favorisèrent sur le territoire de l'actuelle Mauritanie l'épanouissement d'une civilisation agropastorale, mêlant des populations d'origines négro-africaine – Bafours, ancêtres des Soninkés –, principalement agriculteurs et sédentaires, et berbère, généralement nomades. A partir du néolithique, la sécheresse croissante entraîna le déplacement des populations noires vers le Sud, tandis que les Berbères se maintinrent fixés autour des oasis du Nord. Pendant les treize premiers siècles de l'ère chrétienne, l'ouest saharien fut ainsi occupé par les tribus berbères Sanhadjas. Le dromadaire, introduit dans la région dès le IIe ou le IIIe siècle, les aida, en facilitant le nomadisme, à s'adapter à un environnement devenu hostile. Le contrôle que ces tribus exercèrent sur les routes du grand commerce transsaharien, reliant le Maghreb aux régions de la boucle du Niger, leur permit de prélever leur part sur le trafic de l'or, des esclaves, du sel, des objets manufacturés et des chevaux. Vers 990, l'empire du Ghana, en pleine expansion, occupa Aoudaghost, et étendit sa domination sur les tribus Sanhandjas ; en dépit de son animisme, le Ghana fit preuve d'une grande tolérance vis-à-vis de l'islam pratiqué par les Berbères. 
 
Les Almoravides Enflammés par les prédications d'Abdallah Ibn Yassine, qui avait fondé, en 1050, un ribat, c'est-à-dire un monastère, dans l'île de Tidra, au sud de Nouadhibou, les Sanhadjas, dans la seconde moitié du XIe siècle, déclarèrent un jihad et, après avoir levé une armée, renversèrent l'empire du Ghana (1076); dans le même temps, sous la conduite de Yousouf ibn Tachifine, ils se lancèrent à la conquête du Maroc et de l'Ouest algérien, puis de l'Espagne musulmane, réunissant finalement sous leur domination un vaste empire qui s'étendait des rives de l'Ebre à celles du Sénégal. Au Maroc, où ils établirent leur capitale à Marrakech (1062), ces moines guerriers fondèrent la dynastie des Almoravides (al-morabitoun, c'est-à-dire les gens du ribat). Chinguetti, cité religieuse et intellectuelle, fut édifiée à la fin du XIIe siècle. On y venait en pèlerinage de tout le monde arabo-musulman; les habitants de la Mauritanie étaient alors appelés Chnajitas, les «gens de Chinguetti». A partir du début du XIIIe siècle, le pays de Chinguetti fut soumis à diverses invasions arabes qui finirent par s'emparer des routes des caravanes et assujettir à l'état de tributaires les anciennes populations berbères du Sahara occidental. Au XVe siècle, en particulier, un groupe de tribus arabes maqil, les Bani Hassân, envahit le territoire de l'actuelle Mauritanie, refoulant vers le sud les Berbères Sanhadjas, et leur imposant leur dialecte (arabe hassaniya). Une réaction des Sanhadjas (révolte dite de Charr Bouba, 1644-1674) se solda par un asservissement total aux tribus guerrières des Bani Hassân et la disparition presque complète de la culture berbère. 
 
Arrivés sur la côte en 1443, les Portugais s'installèrent sur le banc d'Arguin, où ils furent bientôt suivis par les Espagnols, les Hollandais, puis par les Britanniques et par les Français qui rivalisaient dans le commerce de la gomme arabique. Si l'on excepte ces installations côtières, la présence coloniale sur le sol mauritanien ne se fit pas sentir avant le début du XIXe siècle. En 1814, les Français se firent reconnaître par les autres puissances européennes un mandat pour explorer et exploiter la côte mauritanienne, mais ce fut à partir du Sénégal où, en 1855, les troupes du gouverneur Faidherbe conquirent le pays des Ouolofs, que débuta la pénétration coloniale française. 
 
La colonisation française 
 
La pénétration française dans l'intérieur du pays commença pacifiquement, en 1902, par l'administrateur Xavier Coppolani, mais, en réponse aux razzias que les Maures lançaient périodiquement sur le nord du Sénégal, elle prit rapidement, sous la conduite des généraux Gouraud (dans l'Adrar, en 1908-1909) et Mangin, la forme d'expéditions militaires brutales. Soutenus par les tribus maraboutiques du cheikh Sidiya Bab, les Français se heurtèrent à la résistance des tribus du Centre et du Nord, organisées autour du cheikh Mâ el-Aïnîn. Territoire militaire, devenu territoire civil en 1904, avec sa capitale à Saint-Louis-du-Sénégal, la Mauritanie eut le statut de colonie en 1920; mais la résistance maure continua de se manifester sporadiquement et la «pacification» définitive ne fut réalisée qu'en 1934. Cet espace aride aux populations nomades et rebelles ne constituait pas une priorité de développement économique pour la colonisation française, et la Mauritanie ne fut longtemps qu'une sorte d'appendice administratif du Sénégal. Sauf sur la rive droite du fleuve Sénégal, la véritable mise en valeur ne commença que tardivement, avec la création de la capitale, Nouakchott, ville nouvelle surgie des sables en 1957, année de l'autonomie du territoire (la ville ne se développa d'ailleurs réellement qu'avec le début de l'exploitation du minerai de fer de Zouérate en 1963, puis du minerai de cuivre d'Akjoujt en 1971). En 1946, la Mauritanie devint un territoire d'outre-mer, doté d'une autonomie relative. Les premières formations politiques nationales, l'Entente mauritanienne, fondée par Ould Babana, représentant du territoire au Sénat, puis l'Union progressiste mauritanienne, rebaptisée plus tard Parti du regroupement mauritanien (PRM), virent le jour dans les années 1950. La loi-cadre de 1956 donna l'autonomie interne à la Mauritanie. Le 28 novembre 1958 fut proclamée la république islamique de Mauritanie qui accéda à l'indépendance deux ans plus tard, le 28 novembre 1960. 
La Mauritanie indépendante Moktar Ould Daddah, président du PRM, fut élu par l'Assemblée président de la République. Il fonda, en 1963, le Parti du peuple mauritanien qui, après avoir regroupé les différents partis politiques mauritaniens, devint, en 1964, parti national unique, conférant au président Ould Daddah des pouvoirs très étendus. Toutefois, dès la fin des années 1960 et le début des années 1970, le président se trouva confronté à une série de tensions, de mouvements revendicatifs, et de conflits qui débouchèrent finalement sur le coup d'État militaire qui, en 1978, le chassa du pouvoir. D'abord proche de l'ancienne métropole, Ould Daddah, confronté à de graves difficultés économiques et à divers mouvements sociaux, s'en éloigna progressivement en adoptant une série de mesures spectaculaires destinées à la fois à conforter l'unité de la Mauritanie, mise à mal par les tensions sociales et intercommunautaires, et son indépendance, menacée par des revendications territoriales marocaines (formulées depuis la découverte, en 1955, d'importants gisements de minerai de fer et de cuivre). Les anciennes rivalités ethniques entre le groupe arabo-berbère et la composante négro-africaine de la population s'avivèrent en 1966, et des émeutes meurtrières se produisirent à la suite de la proclamation d'un décret instituant l'arabe comme langue officielle. En 1968, des grèves de mineurs furent écrasées par une intervention de l'armée. L'opposition, d'abord durement réprimée, fut apaisée lorsque le gouvernement, à partir de 1971, décréta des réformes réclamées : création d'une monnaie nationale (1972), dénonciation des accords de coopération économiques et culturels avec la France (1973), nationalisation de l'entreprise exploitant les mines de fer (1974). En octobre 1973, la Mauritanie devint membre de la Ligue arabe. 
 
Par ailleurs, les tensions avec le Maroc semblèrent s'apaiser en 1969, lorsque Rabat reconnut la république islamique de Mauritanie, neuf ans après la proclamation de son indépendance, et renonça à ses revendications territoriales. Mais le conflit allait à nouveau surgir avec l'affaire du Sahara occidental, et dominer la vie politique mauritanienne pendant de nombreuses années. Inquiète d'une part face aux ambitions d'un «Grand Maroc» sur cette partie du Sahara, et d'autre part hostile aux orientations du mouvement indépendantiste sahraoui, la Mauritanie avait jusque-là choisi de soutenir la souveraineté espagnole au Sahara occidental; mais, le 14 novembre 1975, après la décision prise par l'Espagne de se désengager de son ancien protectorat, et la «marche verte» marocaine, les accords de Madrid décidant du partage du territoire sahraoui entre le Maroc et la Mauritanie, au lieu de résoudre la tension, allaient entraîner la Mauritanie dans un conflit ruineux avec le Front Polisario. Le 28 février 1976, soutenue par l'Algérie, cette organisation qui luttait depuis de nombreuses années pour la libération de l'ancien territoire espagnol, proclama l'indépendance de la «République arabe sahraouie démocratique». Avec le soutien du Maroc qui, dès la signature des accords de Madrid, avait annexé la partie nord du Sahara occidental, la Mauritanie dut se résoudre à envahir le Tigris el-Gharbia, partie qui lui revenait en partage. Elle se trouva dès lors lancée dans un conflit ouvert avec le Front Polisario qui, portant la guérilla jusqu'à l'intérieur du pays, lança des attaques contre les installations minières de Zouérate et la voie ferrée Nouackchott-Nouadhibou, stratégique pour l'économie mauritanienne. L'objectif des Sahraouis était de déstabiliser, économiquement et politiquement, le régime de Nouakchott, qui reposait plus sur le prestige personnel du chef de l'Etat que sur la cohésion d'une coalition hétéroclite. En 1978, la Mauritanie n'était plus en état de poursuivre son effort de guerre. L'économie était désorganisée, le mécontentement grandissait devant une guerre par ailleurs très impopulaire, et la crédibilité d'Ould Daddah était atteinte. 
 
La Mauritanie après Moktar Ould Daddah Le 10 juillet 1978, un coup d'État militaire renversa le régime d'Ould Daddah. Un Comité militaire de redressement national (CMRN), dirigé par le colonel Ould Mohamed Salek, suspendit la Constitution et tenta aussitôt de dégager la Mauritanie du conflit saharien. Un cessez-le-feu fut proclamé avec le Front Polisario. Malgré les demandes du Maroc, inquiet devant la perspective de voir ainsi le Front Polisario disposer d'une base territoriale, la Mauritanie retira ses troupes du Tigris el-Gharbia. Le Maroc décida alors d'occuper aussitôt cette partie méridionale de l'ancien Sahara espagnol. Cependant, même retirée ainsi sur ses frontières de 1975, la Mauritanie devait continuer de subir les conséquences du conflit entre le Maroc et le Polisario, dont les attaques contre le « mur marocain » transitèrent souvent par les zones désertiques du nord mauritanien, entretenant du même coup les accusations de Rabat, qui reprocha à la Mauritanie de soutenir, malgré sa neutralité, les actions des combattants sahraouis. 
 
Le renversement du régime d'Ould Daddah, la poursuite de la tension aux frontières et l'hostilité de plus en plus marquée des dignitaires du régime à l'égard de la communauté négro-africaine allaient ouvrir pour la Mauritanie une longue période d'instabilité politique, marquée par une succession de coups d'État, de putschs militaires et de révolutions de palais. Le 6 avril 1979, après avoir écarté du pouvoir certains civils noirs, l'armée mit en place un Comité militaire de salut national (CMSN), dirigé par le colonel Ahmed Ould Bouceif; celui-ci trouva la mort le 27 mai suivant dans un accident d'avion. Le colonel Mohamed Ould Louly devint alors chef de l'État, et le colonel Ould Haidallah Premier ministre. Le 7 août, par un accord signé à Alger avec le Front Polisario, la Mauritanie renonçait à toute revendication sur le Sahara occidental; les relations diplomatiques étaient renouées avec l'Algérie. Le 4 janvier 1980, le colonel Ould Haidallah destituait le chef de l'État et cumulait cette fonction avec celle de Premier ministre et de président du CMSN. Un coup d'État, apparemment appuyé par le Maroc, échoua en mars 1981. Un complot pro-irakien fut déjoué en février 1982. Le 27 février 1984, la Mauritanie reconnut officiellement la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le 17 décembre 1984, le colonel Haidallah – qui assistait au sommet franco-africain de Brazzaville – fut renversé et remplacé par le colonel Maaouya Ould Sid Ahmed Taya, chef d'état-major de l'armée et ancien Premier ministre. 
 
Cette succession de putschs, allant de pair avec une arabisation croissante du personnel politique, renforça encore la domination des Arabo-Berbères sur une communauté négro-africaine que l'abolition de l'esclavage, proclamée le 15 juillet 1980 mais souvent inappliquée, ne suffisait pas à satisfaire. En septembre 1987, une tentative de coup d'État dirigée par deux officiers noirs fut déjouée de justesse; ses principaux meneurs furent exécutés, et de nombreux dirigeants politiques des Forces de libération des Africains de Mauritanie furent emprisonnés. Ce problème ethnique devait déboucher sur une dégradation des rapports diplomatiques avec le Sénégal. En février 1989, un banal incident frontalier entre gardiens de bestiaux mauritaniens et sénégalais mit le feu aux poudres; les 24 et 25 avril 1989, de violentes émeutes antimauritaniennes éclatèrent à Dakar; simultanément, des émeutes antisénégalaises faisaient plusieurs centaines de morts à Nouakchott. Des milliers de ressortissants sénégalais furent expulsés de Mauritanie. Près de 50.000 Noirs mauritaniens préférèrent également l'exil à l'insécurité. Le 21 août, les relations diplomatiques avec le Sénégal étaient rompues. Réglée en termes diplomatiques avec le Sénégal depuis avril 1992, cette question de la cohabitation entre les deux communautés mauritaniennes est toutefois loin d'être close. 
 
Les années 1990 Pour sortir son pays de son isolement diplomatique, Ould Sid Ahmed Taya fut amené, à la fin des années 1980, à amorcer un certain nombre de réformes allant dans le sens d'un retour à la démocratie. Le 12 juillet 1991, une nouvelle Constitution instituant le multipartisme fut adoptée par référendum. Le 24 janvier 1992, Ould Sid Ahmed Taya fut élu président avec 62,6 % des voix. Aux élections du 23 mars suivant, le parti républicain démocratique et social (PRDS) du président enleva 67 des 79 sièges. Le 3 avril, le PRDS remporta également les élections sénatoriales. Le régime entreprit alors de faire face à la grave crise économique qui frappait le pays. Sous l'égide du Fonds monétaire internationale, un plan d'ajustement structurel, aux conséquences sociales très lourdes, fut mis en œuvre; l'ouguiya fut dévalué de 28 %. En 1993, le Club de Paris allégea de 50 % la dette publique. En 1996, le PRDS remporta de nouveau des élections législatives, boycottées par l'opposition. 

Afrique du Sud  -  Algérie  -  Angola  -  Benin  -  Botswana  -  Burkina Faso
Burundi  -  Cameroun  -  Cap Vert  -  Centrafrique  -  Comores  -  Congo
Cote d'Ivoire   -   Djibouti  -  Egypte  -  Erythree  -  Ethiopie   -   Gabon
Gambie  -  Ghana  -  Guinee  -  Guinee Bissau  -  Guinee Equatoriale
Ile Maurice  -  Kenya  -  Lesotho  -  Liberia  -  
Lybie  -  Madagascar
Malawi  -  Mali  -  Maroc  -  Mauritanie  -  Mozambique  -  
Namibie
Niger  -  Nigeria  -  Ouganda  -  Rep. du Congo  -  Rwanda
Sao Tome Principe  -  Senegal  -  Seychelles
Sierra Leone
Somalie  -  Soudan  -  Swaziland  -  Tanzanie Tchad
Togo   -   Tunisie   -   Zambie   -   Zimbabwe