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HISTOIRE du NIGERIA

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Création coloniale, le Nigeria regroupe des populations diverses dont la cohabitation, malgré d'anciennes relations, n'est guère aisée à organiser. Les principaux noyaux de fortes densités correspondent à trois aires culturelles (haoussa, ibo et yoruba) rassemblant près de 55 % de la population. 
Trois pôles culturels pour un État-nation 
 
Au nord ont prospéré de grandes organisations politiques précoloniales. Le royaume du Kanem-Bornou, connu des géographes arabes depuis le IXe siècle, a été dirigé par des princes islamisés dès le XIe siècle. Les sept États haoussas, formés autour de leurs nombreuses cités, dont la puissante Kano, ont été conquis au XIXe siècle, lors du djihad d'Ousmane dan Fodio. Les Peuls étaient alors les maîtres politiques de la quasi-totalité de l'espace septentrional. La langue haoussa, le commerce, l'islam et les liens étroits entre villes et campagnes ont par la suite affermi l'unité régionale. Au sud-ouest, les Yorubas ont essaimé royaumes et cités-Etats, socles de leur identité, dont la prestigieuse Ife, peut-être avant le Xe siècle. De leur expansion territoriale est né le plus dense réseau urbain précolonial d'Afrique: Benin City aurait compté plus de 70.000 h. au XVIe siècle. En 1850, quinze villes de plus de 20.000 h. parsemaient les savanes humides et les forêts. Les historiens sont partagés sur les formes de pouvoir chez les Ibos, au sud-est, où seule la cité d'Onitsha semble témoigner de l'existence d'une structure politique qui n'était plus fondée sur les seuls rapports de parenté; pourtant, la conscience de l'identité ethnique chez les Ibos n'est pas moindre que chez les Yorubas et les Haoussas. 
 
L'est du pays, le Middle Belt, grande aire de rafles durant la traite, ainsi que le delta du Niger ont peu connu de formes étatiques, sauf chez les Nupes du plateau de Jos, voire chez les Ijos du delta. Certaines minorités (Kanouris, Tivs, Ibibios, Ijos) jouent un rôle prépondérant dans les alliances géopolitiques mouvantes, chaque grand groupe ayant besoin d'alliés extérieurs. 
 
Le schéma tripolaire dominant doit cependant être nuancé. Si l'islam est prépondérant au nord et à l'ouest, le christianisme est majoritaire à l'est. D'anciennes fractures traversent ces ensembles religieux. Au nord, le monde musulman est fragmenté entre l'héritage de l'empire de Bornou et celui du califat de Sokoto. Les groupes ethniques minoritaires, chrétiens, y sont influents. Dans l'Ouest, que la presse nomme Wild West, les divisions politiques, aiguës, déchirent les communautés yorubas. A l'est, les oppositions sont violentes entre les Ibos et les populations ijos et ibibios. En outre, les écarts de revenus entre agriculteurs et éleveurs, entre citadins et ruraux, entre profiteurs et exclus de la rente pétrolière multiplient les tensions sociales. Celles-ci sont relayées par une intense activité politique et un multipartisme foisonnant, qui s'est appuyé sur des bases ethnorégionales jusqu'à l'instauration du bipartisme en 1992. 
 
Tous les régimes et les dirigeants, civils et militaires, ont dû affronter la redoutable question de l'unité nationale. Il s'avère en effet difficile de gérer un tel puzzle sans favoriser un groupe ou une région, alors que les ressources, comme le pétrole, sont inégalement réparties. Éviter la désintégration d'un pays travaillé par des forces centrifuges ajoute aux difficultés des gouvernants. 
 
L'unité nationale 
 
A l'indépendance, obtenue sans heurts le 1er octobre 1960, le Nigeria, qui perdra lors du référendum de 1961 la partie méridionale de l'ancien Cameroun britannique, hérita de structures parlementaires et d'un pouvoir fédéral. Les Britanniques y avaient d'abord testé l'Indirect Rule, en s'appuyant sur les autorités dites «traditionnelles», pour gérer les protectorats réunis en 1914 sous une même autorité, celle du gouverneur général Lugard. La puissance coloniale avait favorisé la vie politique locale et l'émergence d'un pouvoir parlementaire élu au suffrage direct (par les Constitutions de 1945, 1951 et 1954). Elle avait surtout instauré, en 1954, une fédération divisant le pays en trois régions pourvues d'une large autonomie, ce dont profitèrent les partis politiques, projections des pôles culturels. 
 
Visant à maintenir le statu quo, les divisions spatiales furent reconduites, voire accentuées par la création d'une quatrième région en 1963. Chaque région s'est ensuite trouvée dotée d'une forte autonomie, exercée au détriment de l'autorité du gouvernement fédéral, siégeant à Lagos. Ce fragile équilibre fut rompu en 1966, année qui vit deux coups d'Etat militaires mettre fin à la Ire République. C'est dans un contexte proche de la désintégration que s'enclencha la sécession de la région orientale. Tandis que les «nordistes» plaidaient pour une confédération d'États autonomes, les partis de l'Ouest étaient divisés. Le pouvoir militaire avait redécoupé la fédération en douze Etats. La guerre du Biafra, de juillet 1967 à janvier 1970, vite internationalisée, s'acheva par la victoire des troupes fédérales et par la mise en œuvre d'un polycentrisme largement financé par la manne pétrolière. 
 
Le fédéralisme Le territoire nigérian n'a cessé d'être fragmenté en un nombre d'Etats de plus en plus grand: 12 en 1967, 19 en 1976, 22 en 1987, 30 en 1992. Cette évolution par scissiparité, puis la création d'Abuja, nouvelle capitale fédérale localisée dans le Middle Belt, hors des trois pôles dominants, correspondent en réalité à un renforcement du pouvoir central, civil ou militaire, distributeur des ressources dont les Etats ont besoin (seuls ceux de Lagos et d'Imo possèdent des ressources propres supérieures à celles octroyées par l'Etat fédéral). Chacun d'entre eux reçoit une dotation définie selon quatre critères pondérés, dont celui de l'importance de la population. Ce système, totalement contrôlé par le gouvernement fédéral, qui dispose des revenus pétroliers, a facilité une redistribution de ces derniers vers le Nord. Si l'atomisation du territoire a conforté le pouvoir central, le fonctionnement du fédéralisme renforce la logique de la division. Pour éviter la récupération «tribaliste», le pouvoir a imposé un bipartisme façonné sur le modèle américain. Du SDP (parti social-démocrate, vainqueur des législatives de juillet 1992) et de la NRC (Convention nationale républicaine) – au sein desquels des «primaires» ont été organisées en septembre 1992 – étaient issus les candidats à l'élection présidentielle de juin 1993, dont les résultats ont été annulés. La junte militaire est en fait «prolongée» lorsque, en août 1993, le général Babangida quitte le pouvoir au bénéfice d'un régime civil transitoire. Mais, à la suite d'un coup d'Etat, en novembre 1993, le général Sani Abacha prend le pouvoir, prononce la dissolution des organismes représentatifs et, à la tête d'une junte militaire, entame une épreuve de force avec les syndicats et les partis politiques démocratiques. Après son décès, en juin 1998, il est remplacé par le général Abdulsalam Abubakar, chef d'état-major des armées. L'arrivée au pouvoir de ce dernier coïncide avec l'annonce de la libération de tous les prisonniers politiques et la mort en détention du principal opposant au régime, Moshood Abiola (juillet). Malgré un assouplissement du régime après l'élection en 1999 d'Olusegun Obasanjo, premier président civil du pays, la situation politique demeure extrêmement instable : la région du delta du Niger, d'où le Nigeria tire l'essentiel de ses ressources pétrolières, reste en proie à une guerre civile larvée et, malgré la présence massive de l'armée, les affrontements interethniques se multiplient, doublés de violences interreligieuses entre communautés musulmane et chrétienne depuis l'instauration de la charia (loi islamique) dans plusieurs Etats du Nord.

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