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HISTOIRE - TCHAD

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Pays de peuplement très ancien (peintures et gravures rupestres du Tibesti et de l'Ennedi), le Tchad fut pendant des siècles une zone de contact entre les Arabes d'Afrique du Nord et les populations de l'Afrique noire. Il a connu une histoire agitée, profondément marquée par les luttes ethniques et religieuses, qui se poursuivent aujourd'hui.
 
La désertification progressive du Sahara a poussé les populations qui vivaient dans le territoire correspondant au Tchad actuel vers le sud et vers le lac Tchad. Le pays possédait deux atouts: ses riches mines de sel et de cuivre, et sa situation au carrefour des routes du commerce transsaharien.
 
L'histoire ancienne
 
Le premier royaume connu dans la région est le Kanem, qui prit son essor à la fin du XIe siècle, sous la dynastie des Sefawad. Les relations commerciales avec le nord du continent et la conversion des mai (souverains) vers l'an 1100 répandirent l'islam dans toute la sous-région. Le Kanem possédait une armée forte et entraînée, un réseau de fonctionnaires chargés de maintenir l'ordre et de prélever les impôts jusque dans les régions lointaines, et une économie prospère. Mais des querelles de pouvoir et des dissensions religieuses affaiblirent l'empire. Les Boulalas, vassaux du Kanem, en profitèrent pour se révolter. Au XIVe siècle, les attaques répétées des Arabes obligèrent les Sefawad à fuir le Kanem. Au XVe siècle, la dynastie des Sefawad constitua un nouvel empire, à l'ouest du lac, dans le Bornou. Les troupes du mai Idriss (1497-1519) envahirent l'ancien Kanem et l'intégrèrent à l'empire. Celui-ci s'étendait de Kano jusqu'au Darfour. D'autres royaumes se constituèrent dans la région, notamment le Ouaddaï, au XIVe siècle, et le Baguirmi, au XVIe siècle, longtemps vassaux du Kanem-Bornou. Le Kanem-Bornou vivait du commerce, notamment de la traite des esclaves avec l'Arabie. Les guerres de conquête servaient de prétexte aux Bornouans pour capturer les «infidèles», les hommes et surtout les femmes et les enfants, très demandés sur tous les marchés du Moyen-Orient. Les femmes, en particulier, avaient la réputation d'être d'excellentes ménagères et des cuisinières exceptionnelles.
 
Le renouveau du XIXe siècle Au début du XIXe siècle, le djihad peul lancé par Ousmane dan Fodio, qui fonda le khalifat de Sokoto, se heurta violemment au Kanem-Bornou. Il fallut toute l'adresse du Premier ministre, Mohammed Amin al-Kanemi, pour que l'empire ne s'écroule pas sous ces coups de butoir. Il en profita pour réformer la monarchie et capter à son profit la réalité du pouvoir, qu'il légua ensuite à son fils Oumar. Il fit construire une nouvelle capitale, Kouka, qui se trouve dans le Niger actuel. Le Ouaddaï profita de ces désordres pour reprendre son autonomie et s'imposer à son voisin, le Baguirmi. Il développa ses relations commerciales avec Tripoli et l'Egypte. À la même époque, la confrérie des Senoussis fit des émules dans une grande partie du pays.
 
Vers 1860, ces royaumes, épuisés par les guerres et les dissensions intestines, étaient en décadence. En 1879, venu du Soudan, un marchand d'esclaves devenu conquérant, Rabah, lança une vaste opération de conquête du Ouaddaï. Il établit son emprise commerciale sur l'est du Tchad tout en constituant une armée forte de 35.000 soldats. La vente de l'ivoire et la traite des esclaves lui permirent d'acquérir des fusils à tir rapide et des munitions. Il soumit alors le Baguirmi puis le Bornou (1893), très affaiblis, et fonda un vaste empire. Mais l'arrivée des Européens entrava ses projets.
 
L'arrivée des Européens et la colonisation
 
Au milieu du XIXe siècle, les Européens s'intéressèrent au Soudan central. Des explorateurs comme Heinrich Barth, Clapperton et Nachtigal le parcoururent. Monteil, parti du Sénégal, fut le premier Français à atteindre le lac Tchad, en 1891. La France lança plusieurs expéditions pour prendre le contrôle du Tchad afin de relier ses possessions d'Afrique septentrionale, centrale et occidentale. En 1891, la mission de Paul Crampel se solda par un désastre. Les Français comprirent que la présence de Rabah compromettait leurs projets. Ils envoyèrent trois missions chargées d'éliminer l'importun, sous le prétexte de lutter contre la traite esclavagiste: la mission Foureau-Lamy, partie de l'Algérie; la mission Voulet-Chanoine, venue de l'ouest du Niger actuel et poursuivie par Joalland; la mission Gentil, depuis le Congo. Les trois missions se retrouvèrent sur le lac Tchad et attaquèrent Rabah en 1899. Elles le vainquirent à Kousseri en 1900: Rabah trouva la mort dans la bataille et son empire se désagrégea. Mais la résistance des peuples du Tchad se poursuivit avec les Senoussis et le Tchad ne fut entièrement «pacifié» qu'au bout de longues années (vers 1917).
 
Le décret de 1900 créa un «Territoire militaire des pays et protectorats du Tchad», intégré à la colonie de l'Oubangui-Chari. En 1920, le Tchad devint une colonie autonome, dotée d'une administration civile. En 1923, la frontière soudano-tchadienne fut déterminée avec précision. En 1929, le Tchad intégra le Tibesti. En 1936, un accord entre la France et l'Italie fasciste prévit la cession de la bande d'Aozou (au nord du pays) à la Libye italienne; il ne fut pas appliqué. Les Français investirent peu dans la colonie du Tchad. Ils instaurèrent la culture obligatoire du coton dans le Sud et, surtout, utilisèrent les Tchadiens pour construire le chemin de fer Congo-Océan. Le travail forcé provoqua de nombreuses révoltes.
 
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Tchad, sous l'impulsion de son gouverneur Félix Eboué, fut la première colonie française à se rallier au général de Gaulle et à la France libre, en août 1940. Le Tchad servit de base aux opérations de la colonne Leclerc dans la campagne de Libye (1941-1943). Sa position stratégique amena l'édification d'infrastructures: un aéroport et un réseau routier destinés aux déplacements des troupes.
 
Après la guerre, les Tchadiens participèrent pour la première fois à des élections en désignant leurs représentants aux Assemblées constituantes (1945-1946) puis à l'Assemblée nationale française (1946). La lutte en faveur de l'indépendance eut un aspect politique, sous l'égide de Gabriel Lisette (1919 - 2001), fondateur du Parti progressiste tchadien (PPT), section du RDA, en 1946, puis sous celle de François Tombalbaye. Les désaccords entre les deux hommes, les antagonismes religieux et régionaux, accentués par la colonisation, déchirèrent le pays. Les Tchadiens approuvèrent à 98 % le projet de Communauté française lors du référendum de 1958. Après soixante années de domination française, le pays accéda à l'indépendance le 11 août 1960.
 
Le Tchad indépendant
 
Après avoir contraint Gabriel Lisette à l'exil, François Tombalbaye, devenu chef de l'Etat, mit en place un régime autoritaire puis, après l'instauration du PPT en parti unique (1962), une puissante dictature qui suscita, à partir de 1963, des révoltes paysannes dans le Nord, l'Est et le Nord-Est. En 1963, Tombalbaye réprima durement la révolte des musulmans du Nord, principales victimes de sa politique. L'insurrection armée éclata en 1965 et, à la suite de la formation du Frolinat (Front de libération national du Tchad) en 1966, un large mouvement de rébellion se développa. En dépit de l'aide militaire de la France, à partir de 1968, et des divisions des rebelles tchadiens (notamment entre les partisans de Goukouni Oueddeï et ceux de Hissène Habré), Tombalbaye ne put en venir à bout. En 1972, il demanda l'appui du colonel Kadhafi et lui promit la bande d'Aozou en échange. Kadhafi ne tint pas ses engagements mais occupa le territoire promis, riche en uranium et en manganèse. En 1973, Tombalbaye tenta de restaurer l'unité du Tchad en prônant la tchaditude. Un coup d'Etat militaire le renversa et il fut assassiné en 1975.
 
Le général Félix Malloum lui succéda à la tête de l'Etat et renforça la dictature. Les rebelles lancèrent une nouvelle offensive en 1977; en 1978, l'ancien chef rebelle Hissène Habré devint Premier ministre. Mais les nouveaux dirigeants ne s'entendaient pas entre eux et la guerre civile s'intensifia en 1979. Le conflit s'internationalisa avec l'intervention militaire de la France et les médiations de paix de la Libye et du Nigeria. La constitution d'un gouvernement d'union nationale (1979) présidé par Goukouni Oueddeï et soutenu par la Libye (qui intervint militairement en décembre 1980), se révéla un échec, et le conflit dégénéra en guerre ouverte entre les factions rivales de Goukouni Oueddeï et de Hissène Habré. En 1982, les forces d'Hissène Habré investirent N Djamena. Devenu président, Habré reçut l'appui de la France pour reconquérir le Nord, mais dut affronter seul de nouvelles interventions libyennes. En 1990, l'opposition armée dirigée par Idriss Déby, proche de Tripoli, lança une vaste attaque contre le régime et prit le pouvoir. Une Conférence de réconciliation nationale (1993) décida la démocratisation et le multipartisme, mais Déby retarda les élections. En 1994, la Cour internationale de Justice déclara tchadienne la bande d'Aozou. En 1996, Idriss Déby, après avoir promulgué une charte nationale garantissant la liberté d'expression, le multipartisme et une nouvelle Constitution, organisa enfin l'élection présidentielle et la remporta. Sa réélection, en mai 2001, était cependant entachée de nombreuses fraudes et contestée par l'opposition. 

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