Si son vaste territoire, aux milieux divers, recèle d'importantes potentialités agricoles, c'est le «boom» pétrolier des années 1970 qui fut le moteur de la croissance et le facteur de l'organisation de l'espace. Neuvième producteur mondial de pétrole, ce pays n'a réglé ni la question de la pauvreté (le PNB par habitant est inférieur à celui du Burkina) ni celle de la violence, qui embrase périodiquement les villes.
Agriculture
Principale victime du «boom» pétrolier, l'agriculture, pilier de l'économie à l'indépendance, assurait encore 65 % des recettes d'exportation et 55 % du PNB à la fin des années 1960. La diversité des milieux naturels a facilité la variété des systèmes de culture traditionnels, au sein desquels ont été introduites les cultures d'exportation. L'agriculture paysanne repose sur des productions céréalières (mil, sorgho), associées au coton et complétées par l'élevage bovin extensif. Le Middle Belt produit du sorgho, du maïs, du riz mais aussi du manioc et de l'igname, plantes de base du Sud forestier qui accompagnent l'arboriculture cacaoyère au sud-ouest et les parcs de palmiers à huile au sud-est. Ces systèmes agricoles ont été violemment ébranlés par l'impact de la rente pétrolière sur l'économie et par la dynamique qui lui a été imprimée. Défavorisées par les choix d'investissements, victimes d'un exode rural stimulé par la création d'emplois urbains bien rémunérés, les productions agricoles ont souffert de la surévaluation du naira et du recours massif aux importations pour l'approvisionnement urbain (en 1983, les achats de céréales représentaient déjà 22 % des recettes pétrolières). Depuis 1984, le pouvoir central encourage une relance agricole: la dévaluation du naira (de 70 % en 1992), la politique protectionniste et de soutien des prix du cacao contribuent au redressement.
Le «boom» pétrolier La fulgurante croissance urbaine est contemporaine de l'essor pétrolier, qui a propulsé le pays au sixième rang mondial des exportateurs d'or noir dans la décennie 1970. Découverts en 1938, les gisements d'hydrocarbures furent modestement exploités de 1953 à la fin des années 1960. Leur mise en valeur est devenue le fer de lance de l'expansion économique entre 1971 – date à laquelle le Nigeria adhère à l'OPEP – et 1980. Les deux chocs pétroliers ont permis de décupler les revenus (1,1 milliard de dollars en 1972, 23,4 milliards en 1979); la production a plus que quadruplé entre 1970 et 1979, année record (893 millions de barils). Les réserves connues, localisées dans le Sud, en bordure maritime de l'immense delta, garantissent plus de trente ans de production au rythme d'extraction de 1979. Quant au potentiel méthanier, évalué à 4.000 milliards de mètres cubes, il a vocation à être développé. En une décennie, le Nigeria est devenu un pays vivant d'une rente pétrolière que contrôle l'Etat fédéral par le biais de la nationalisation partielle ou totale des compagnies. Depuis 1974, le pétrole assure au moins 85 % des recettes d'exportation. Cette dépendance a aussi son revers: à partir de 1981, la demande mondiale de pétrole et les prix diminuant, le Nigeria entre dans une crise financière sans précédent. Le recours aux capitaux internationaux a, en outre, engendré un endettement extérieur considérable: 9 milliards de dollars en 1981, 20 milliards en 1985, 30 milliards en 1992. Les plans d'ajustement structurel engagés depuis 1986 n'ont pas rétabli les équilibres.
Les nouvelles orientations économiques La rente pétrolière a favorisé les investissements publics, surtout entre 1975 et 1980. L'amélioration spectaculaire du réseau routier et des dessertes aériennes, les grands chantiers de construction, en particulier celui de la nouvelle capitale fédérale, Abuja, ville inaugurée en 1983, ont stimulé l'activité et contribué à une meilleure intégration de l'espace national. Le pouvoir central a financé une active politique industrielle avantageant les filières lourdes (sidérurgie, pétrochimie) et suscitant l'accroissement de l'investissement privé. De nouvelles usines (automobile, chimie, sidérurgie) ont été dispersées dans le pays. Mais ce mouvement de régionalisation a souvent engendré un gâchis, comme à Ajaokuta, où l'aciérie, construite à grands frais, ne fonctionne pas. En outre, les surcoûts de production liés aux transports sont considérables. Grand producteur de pétrole, le Nigeria est aussi importateur d'essence, et aucune industrie à haute technologie n'y a été transférée. Le chemin est encore long pour entrer dans le club des nouveaux pays industrialisés (NPI).
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Par bernard lepever, le dim, 08/14/2016 - 01:52. #
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