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L'HISTOIRE DE L'AFRIQUE DU SUD

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Les premiers habitants de l'Afrique du Sud furent les populations non négroïdes de chasseurs-cueilleurs San, et Khoi, également éleveurs, qu'on regroupe souvent sous le nom de Bushmen ou Hottentots. La migration bantoue a atteint le Transvaal au début de l'ère chrétienne et s'est poursuivie vers le sud principalement le long de la côte orientale: au XIVe ou au XVe siècle, le peuplement noir couvrait sensiblement la même aire qu'aujourd'hui. La découverte puis la colonisation de cette région par les Européens ont ouvert l'ère d'une difficile cohabitation.
 
L'implantation européenne
En 1487, l'expédition portugaise de Bartolomeu Dias atteint le cap de Bonne-Espérance, appelé alors cap des Tempêtes. En 1652, le Hollandais Jan Van Riebeeck établit le premier comptoir européen en Afrique du Sud, à Table Bay (aujourd'hui Capetown), pour servir d'escale aux navires de la Compagnie des Indes orientales. La révocation de l'édit de Nantes en 1685 provoqua une émigration de huguenots français. Leur arrivée coïncida avec le début de l'esclavage des Noirs, tandis que les Européens, poussés par le manque de terres, gagnaient l'intérieur du pays.
 
Les pionniers hollandais (appelés plus tard Boers, d'un mot néerlandais qui signifie paysans, ou Afrikaners, qui parlent afrikaans) s'implantent ainsi dans l'Est, où ils affrontent les Bantous. Une guerre éclate en 1779 (la première guerre cafre) près de la Great Fish River entre les Hollandais et les Xhosas, qui poursuivaient leur mouvement vers le Sud.
 
Une part des colons hollandais s'est vite trouvée en conflit avec les Anglais, à qui le congrès de Vienne avait, en 1815, attribué la colonie du Cap. Les Boers leur reprochent une politique jugée trop favorable aux Noirs, notamment l'abolition de l'esclavage en 1833. Afin de préserver leur mode de vie, cette fraction irréconciliable amorça à partir de 1834 un mouvement vers l'intérieur du pays, le Grand Trek, qu'ils rapprochèrent de l'Exode biblique. Pénétrant sans difficulté dans des régions intérieures vidées de leur population par les expéditions guerrières des Zoulous, ils se heurtèrent à ceux-ci dans la région du Natal, mais parvinrent à contrôler l'intérieur et à y constituer les républiques indépendantes de l'État libre d'Orange (1854) et du Transvaal (1852), sortes de patriarcats pastoraux, aux infrastructures des plus sommaires.
 
À la fin du XIXe siècle, la découverte de mines d'or et de diamants attire dans ces républiques des immigrants, notamment britanniques, vers l'intérieur du pays, où des conflits éclatent au sujet de la propriété du sol. Paul Kruger, président du Transvaal, s'oppose aux prétentions britanniques sur la région, et notamment à Cecil Rhodes, premier ministre de la colonie du Cap et créateur de la British South Africa Company (1889), qui cherchait à contrôler le Transvaal. L'échec du raid britannique du docteur Jameson, en 1896, ne fit qu'aggraver une tension croissante. En 1899 éclata la guerre anglo-boer du Transvaal, qui, après une campagne d'une extrême dureté, s'acheva en 1902 par une victoire britannique et la disparition des républiques indépendantes.
 
La naissance d'un pays
L'Union sud-africaine, dominion britannique, fut constituée en 1909 par le regroupement des anciennes colonies britanniques du Cap et du Natal et des deux républiques boers vaincues. Sa participation à la Première Guerre mondiale en fit un partenaire international reconnu qui reçut en 1920 un mandat de la Société des Nations pour administrer le Sud-Ouest africain allemand, dont elle tendit à faire une cinquième province. Dans ce cadre, les afrikaners, vaincus militairement, dominés économiquement par la minorité anglophone, s'attelèrent à la conquête du pouvoir politique. Les premiers gouvernements, constitués par une alliance des anglophones et d'afrikaners modérés durent affronter une opinion boer hostile à la Grande-Bretagne et l'opposition de «petits Blancs» qui réclamaient des privilèges économiques et sociaux en raison de leur race. Le gouvernement du South African Party du général Smuts dut ainsi réprimer militairement, en 1922, la grève des mineurs blancs réclamant que les emplois qualifiés leur soient réservés. L'United Party de Barry Hertzog, arrivé au pouvoir en 1924 représentait mieux la base afrikaner et renforça la colour bar. La crise économique des années 1930, très rude, conduisit à un rapprochement entre ces deux forces politiques, qui ne purent endiguer la montée d'une force politique plus radicale, le Parti national du docteur Malan.
 
Le régime d'apartheid
Arrivé au pouvoir en 1948, le Parti national entreprit de systématiser une politique d'apartheid, ou «développement séparé», en donnant un contenu géographique strict à une politique de discrimination raciale apparue dès l'origine. Le Land Act de 1913, déjà, limitait à 13 % du pays les régions où les Noirs pouvaient acquérir des terres: les «réserves» définies pour chaque «tribu» ou «nation» constituaient une sorte de fer à cheval sur les périphéries du pays, au nord (Tswana notamment) et surtout à l'est (Zoulou, Xhosa…). Quoique moins rudement frappés par cette politique, Asiatiques et Métis perdirent eux aussi l'essentiel de leurs minces avantages. Le Group Areas Act de 1950 visait notamment à l'élimination des «taches noires» résultant d'achats opérés par les Noirs avant 1913. On entreprit d'expulser des «terres blanches» les «excédents» de population noire, tenanciers et squatters, pour favoriser une modernisation de l'agriculture européenne: entre 1960 et 1983, environ 2.600.000 Noirs furent chassés des zones rurales «blanches» et renvoyés dans les réserves où le Bantu Self-Government Act de 1959 — en organisant un système d'administration autonome des réserves — préparait l'institution des bantoustans. Ceux-ci devaient à terme devenir politiquement indépendants, quoiqu'ils fussent économiquement non viables: quatre d'entre eux (Transkei, Bophutatswana, Venda et Ciskei) reçurent entre 1976 et 1981 une indépendance que ne reconnut pas la communauté internationale.
 
Étrangers dans leur propre pays, les Noirs pouvaient de plus en plus difficilement aller résider dans les villes, où l'on cherchait à réduire au maximum leur nombre: seuls pouvaient y venir ceux qui justifiaient d'un contrat de travail: le pass, passeport intérieur imposé aux Noirs dès 1923, permettait le contrôle des migrations. La ségrégation raciale fut systématisée dans les quartiers, au prix de multiples destructions et expulsions et de la construction de townships pour les populations de couleur. On s'efforça, sans grand succès, de créer des industries en bordure des bantoustans, mais nombre de travailleurs durent aller travailler dans les villes blanches tout en résidant dans les réserves, au prix de grands déplacements quotidiens. L'opposition au système d'apartheid fut brisée: dès 1950, le Parti communiste, multiracial, était interdit. L'African National Congress (ANC) et le Pan Africanist Congress le furent en 1960 après les manifestations contre le système du pass, qui aboutirent au massacre de Sharpeville. Les leaders de l'ANC, et notamment Nelson Mandela furent condamnés à la prison à vie en 1964. L'Afrique du Sud se détacha du monde extérieur: en 1961, elle quitta le Commonwealth, opposé à l'apartheid, et la république (République sud-africaine) fut proclamée le 31 mai.
 
La remise en cause de l'apartheid Le régime d'apartheid tenta de se constituer un «glacis protecteur» en Afrique australe, en soutenant la Rhodésie du Sud blanche, qui avait proclamé son indépendance en 1965, en faisant pression sur les petits États africains dépendants (Lesotho, Swaziland, Malawi), en appuyant le régime portugais de Salazar dans sa lutte contre les mouvements indépendantistes, puis, après la «révolution des œillets» et l'indépendance de l'Angola et du Mozambique (1975), en encourageant les guérillas de l'UNITA et de la RENAMO. Cette politique accrut le désordre en Afrique australe sans permettre au régime d'apartheid de se constituer un «glacis protecteur». Sous la pression des grandes puissances et par l'action des mouvements d'indépendance, en 1980, la majorité noire acquit le pouvoir politique en Rhodésie, devenue Zimbabwe, le Sud-Ouest africain devint indépendant en 1990 sous le nom de Namibie. La violence en Afrique lusophone, incontrôlée, a fini par nuire à l'Afrique du Sud elle-même.
 
Le régime d'apartheid se lézarda somme toute assez rapidement. Les leaders noirs réfugiés à l'extérieur n'ont pas réussi à implanter la lutte armée dans le pays; le boycott des produits sud-africains n'a pas été d'une grande efficacité mais le régime d'apartheid a fini par pâtir des sanctions bancaires internationales. Surtout, la montée de la contestation politique intérieure, l'irrationalité économique de l'apartheid ont contraint le régime à une évolution qui n'a pu avoir d'autre terme que l'arrivée au pouvoir de la majorité noire. De violentes émeutes eurent lieu en 1976 à Soweto et dans d'autres townships provoquant 400 morts. L'opposition intérieure au sein de la société civile se structura dans l'United Democratic Front (UDF), organisateur de la désobéissance civique. Sous la pression de cette opposition active, le gouvernement de Pieter Botha (1978-1989) légalisa les syndicats noirs en 1979, autorisa les partis politiques multiraciaux en 1985, abolit la loi interdisant les mariages mixtes.
 
Le nouveau régime Cela ne pouvait suffire à arrêter le mouvement de protestation des Noirs contre l'apartheid; l'établissement de l'état d'urgence (septembre 1984-juin 1986) ne pouvait être plus efficace. Pour préserver l'essentiel, le président Botha dut en finir avec l'«apartheid mesquin», libéraliser l'installation des Noirs en ville, et tenter d'associer au pouvoir politique les groupes asiatique et métis, qui, en 1987, bénéficièrent d'une Chambre au Parlement. Pour diviser les Noirs, il appuya l'Inkatha Freedom Party, de Mangosuthu Buthelezi, à base tribale zoulou. Ces demi-mesures ne satisfaisant personne et donc accroissant le désordre, P W Botha dut en 1989 démissionner de la présidence au profit de Frederik Willem De Klerk.
 
Discours de Nelson Mandela à Soweto après sa libération (1990) Celui-ci, pour préserver la présence blanche en Afrique du Sud, et avec l'appui des grandes puissances et des institutions financières internationales, fit le choix d'une négociation difficile avec l'ANC, qui fut légalisé, libérant en 1990 son leader charismatique, Nelson Mandela. En 1991, l'apartheid était officiellement aboli par le Parlement. Malgré des affrontements violents entre l'ANC et l'Inkatha, appuyée en sous-main par une fraction de la police, malgré la résistance des milieux blancs extrémistes, le processus politique est allé à son terme: une nouvelle Constitution, intérimaire, a été adoptée en décembre 1993 par un référendum auquel seuls participaient les Blancs.
 
Les premières élections multiraciales d'avril 1994, auxquelles l'Inkatha accepta finalement de participer, assurèrent la victoire de l'ANC, avec 60 % des suffrages. Le Parti national de Frederik De Klerk s'affirmait comme la deuxième force du pays (20 %), ralliant non seulement la majorité des Blancs mais aussi celle des Indiens, des Métis et l'Inkatha, et gardait le contrôle du Natal, pays zoulou. Le 9 mai, les 400 députés du nouveau Parlement portèrent Nelson Mandela à la présidence de la République, Thabo Mbeki et Frederik De Klerk devenant vice-présidents. Parti national et Inkatha entrèrent dans un gouvernement de coalition. À l'issue des élections générales organisées en juin 1999, le Congrès national africain (ANC) recueillit plus de 66 % des suffrages exprimés, soit 266 des 400 sièges à l'Assemblée nationale, et le successeur désigné de Nelson Mandela, Thabo Mbeki, fut élu à la tête de l'État par le Parlement nouvellement constitué.

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